Nous avons vu dans les deux volets précédents qu’il existe plusieurs types de produits laitiers. Des bons et des moins bons. Mais alors il suffirait de boire du lait cru et du fromage cru Bio ? Le sujet est un peu plus complexe que ça. Cet article vous aidera sûrement à y voir plus clair.
1 – SOURCE DE CALCIUM
Les produits laitiers ont été déclaré tellement importants dans notre alimentation aux yeux des autorités qu’ils ont même une place dans la pyramide alimentaire. Par produits laitiers, la pyramide entend « source de calcium ». Mais pourtant nous avons aussi besoin de fer, de zinc, de magnésium, de…
Face aux nouvelles études et médecins de poids défenseurs de vérité, le PNNS (Programme National Nutrition Santé) en vient par la force des choses à changer son discours. On est passé d’un discours lacté « bon pour les os » à « n’oublions pas le plaisir ».
Alors Calcium ou pas Calcium ?
Le Calcium, élément minéral est nécessaire à l’organisme. Il apporte solidité des os, des dents, favorise l’endormissement, est antidépresseur, il régule le système cardiaque, participe au bon fonctionnement du système nerveux… Attention, nous ne parlons pas ici du lait mais bien du calcium !
Les besoins en calcium diffèrent selon l’âge et l’activité de l’individu. Tandis que la consommation de calcium optimale dans l’enfance et l’adolescence est importante pour la construction de la densité osseuse, la consommation de calcium après 35 ans n’a plus d’intérêt pour l’ossature. C’est un fait biologique non discutable.
Voici un tableau des recommandations officielles Françaises (PNNS) vs Mondiale (OMS).
L’apport plus important en Calcium du PNNS, est à souligner…
Age |
Recommandations officielles France |
Recommandation Officielles Monde |
<2 ans | 400 mg | 240 mg |
Enfant (7–9ans) | 900 mg | 440 mg |
Adolescent puberté | 1200 mg | 1040 mg |
F. enceinte | 1200 mg | 940 mg |
Adulte | 900 mg | 520 mg |
Post-ménopause* | 1200 mg | 840‑1100 mg |
Source OMS
*Dans les 5 premières années de ménopause, il y a une rapide perte osseuse. Il semblerait que le manque d’œstrogène et de progestérone joue un rôle important dans le développement de l’ostéoporose, bien plus que le calcium.
**AJR : Apport Journalier Recommandé
Quel est donc le risque à consommer trop de calcium ?
Le calcium, aussi important soit-il doit, comme tout autre nutriment, être apporté en quantité raisonnable. Ayant la capacité de bloquer l’absorption du fer, trop de calcium de quelque source que ce soit peut conduire à une grosse fatigue, une anémie.
Les choses se compliquent quand on fait intervenir le lait.
1/Problème d’assimilation du Calcium
Des études scientifiques montrent que seulement 18 à 36 % du calcium contenu dans le lait est assimilé par le corps. Pour absorber le calcium, le corps a besoin :
-de quantités de magnésium équivalentes. Or il y en a très peu dans le lait de vache, ce qui contribue aussi à rendre le calcium du lait peu assimilable.
-de vitamine D favorisant sa fixation. Or le lait de vache en contient trop peu, surtout s’il a été réduit en matière grasse (demi-écrémé, écrémé), ou s’il a subit de hautes températures (UHT…). Il faudrait donc accompagner chaque prise de lait, de vitamine D (exposition à la lumière du soleil, aliments riches en omégas, sport).
2/Perte de Calcium
Contrairement à ce que l’on peut entendre, l’ostéoporose n’est pas due à un manque de Calcium mais plutôt à une perte de Calcium.
Une surconsommation de protéines, acidifie notre organisme, favorisant la déminéralisation osseuse. Le lait fait partie des aliments riches en protéines avec une quantité de 3gr/100gr qui acidifie et déminéralise la structure osseuse. Les quantités massives et régulières de protéines contenues dans le lait aboutissent à une perte de 50% de calcium dans les urines. Attention donc aussi aux régimes hyper-protéinés et cie..
3/ Stimulation des cellules osseuses
L’os, tissus vivant se renouvelle tout comme la peau. Chacun d’entre nous possède un stock de cellules reconstructrices, les ostéoblastes. Il se trouve que lorsque nous ingérons un produit laitier, ce dernier stimule la production d’ostéoblastes. En fonction de notre fréquence de consommation, notre stock diminue plus ou moins vite. La conséquence ? Sans « réparation » possible, nos os se fragilisent. Cela est d’autant plus vrai pour les personnes ayant des problématiques de thyroïde et de glandes parathyroïdes.
Voilà, les principales raisons qui montrent que la surconsommation de lait de vache conduit à l’ostéoporose contrairement à ce que l’on nous a longtemps dit. D’ailleurs, les pays avec le plus fort taux d’ostéoporose ne sont-ils pas ceux qui consomment le plus de produits laitiers comme la Scandinavie ?
Alors où trouver du calcium de bonne qualité pour éviter de surconsommer des produits laitiers ?
Contrairement aux protéines, ce sont cette fois-ci les sources végétales qui assurent une meilleure assimilation du Calcium (50 à 74%).
Si l’on considère que notre organisme a besoin de 520 mg de calcium par jour (source OMS) ces besoins sont comblés plutôt facilement, non ? Sans oublier certaines eaux minérales qui en contiennent un taux élevé.
Chou 430
Tahin 420
Sardines 380
Cerfeuil 300
Amandes 248
Figues séchées 144
Lait de vache 120 mg
Graines de Tournesol 116
Crevettes 115
2- LACTOSE
Le lactose est le sucre du lait. Il pose majoritairement deux soucis :
> INTOLERENCE
C’est grâce à une enzyme, la lactase que l’on peut le digérer. Or notre stock de lactase tend à diminuer après nos premières années de vie. Elle persiste de façon plus ou moins importante en fonction de chacun. C’est ainsi que quelques-uns vont devenir intolérants au lait, sans compter le phénomène d’homogénéisation (cf article précédent) qui l’encourage. Les symptômes seront généralement des ballonnements, maux de ventre, de tête…
Une intolérance au lait ne l’est pas forcément aux produits laitiers ! Le lactose se trouvant dans la partie aqueuse du lait, plus on le concentre en matière grasse, moins il en contient.
Lait : 4.8 gr/100 gr
Crème : 3.1gr/100 gr
Fromages : 0.1–3 gr/100 gr
Beurre : 0.6 gr/100gr
Comme vu dans le volet précédant, nombreux intolérants peuvent consommer des laits fermentés (yaourt, lassi, kéfir de lait…), les ferments ayant prédigérés une partie du lactose.
De plus, les expériences montrent qu’une personne ayant une certaine intolérance peut consommer du lait en petites quantités dans le cadre d’un repas. Comme pour tout, la modération est sûrement une bonne solution. La bonne nouvelle dans tout ça ? Le lait cru, encore lui, contient de la lactase facilitant la digestion et un bon ratio Oméga-3 Oméga-6. Il n’y en a pas dans les laits pasteurisés ou UHT car les hautes températures ont détruit la lactase…
> DIABETE (et caries)
Oui l’abus de produits laitiers peut aussi conduire au diabète. Comme expliqué dans le 1er et 3° volet du dossier Indice Glycémique, les produits laitiers ont la particularité d’élever la synthèse d’insuline. Je vous invite vivement à lire ces articles. Mais brièvement, une sécrétion d’insuline trop fréquente, épuise le pancréas qui, a trop produire d’insuline, finit par favoriser de l’insulino-résistance, régule moins bien le taux de sucre sanguin et peut conduire au diabète de type 2.
Bien sûr le lactose étant un glucide et plus précisément un sucre simple, il favorise l’apparition des caries dentaires. Sans compter qu’on mange rarement un yaourt sans lui ajouter de sucre ou un verre de lait sans ajouter de chocolat, de sirop de menthe etc… Petit détail au vu des précédentes révélations…
3-CASEINE
La principale protéine du lait est la caséine.
De part sa structure similaire au gluten, la caséine est un facteur aggravant des intolérances et problèmes intestinaux. Cette protéine est à l’origine des allergies chez les nourrissons et jeunes enfants : coliques, colites, otites à répétitions, rhumes et congestions…
Sans compter, comme nous l’avons vu plus haut, de l’apport massif de protéines qui acidifie notre corps en le rendant plus vulnérable.
NB : Une alternative à la caséine est le beurre clarifié encore appelé Ghee. C’est un beurre chauffé à feu doux, à qui l’on retire les dépôts solides et oxydables. Il se conserve donc très longtemps. Ne le chauffez pas trop sous peine d’obtenir un beurre noisette (c’est la caséine qui a trop chauffée)
4- FACTEURS DE CROISSANCE
Ce n’est pas du mot « facteur de croissance » dont il faut avoir peur mais de sa teneur.
Le lait maternel contient 7 hormones de croissance permettant au nouveau-né de se développer contrairement aux 3 hormones du lait de vache.
Le lait de vache, est beaucoup plus riche que le lait maternel humain, et permet au petit veau de décupler son poids de naissance en un an ! A titre comparatif, un veau prend 350 kg en 1 an, un bébé 5 kg…
Mais en quoi un facteur de croissance est-il dangereux ?
Les facteurs de croissance du lait de vache, notamment les Insulin Growth Factor 1 (IGF-1), sont reconnus scientifiquement par de nombreux experts indépendants pour augmenter les risques de cancers du sein chez la femme, de la prostate chez l’homme. Etonnamment, les pouvoirs publics ne le reconnaissent pas…encore. Lorsque nous buvons du lait, nous consommons la plus puissante des hormones de croissance (IGF-1).
Contrairement au lait de vache cru qui par pasteurisation douce inactive les facteurs de croissance, le traitement UHT (140°C-4 secondes) détruit les germes pathogènes mais pas les facteurs de croissance.
Question : Que penser des laits maternisés dont 99% d’entres-eux sont à base de lait de vache ? Pandore…
Nous arrivons à la fin de ce dossier sur les produits laitiers & leurs dérivés. Nous sommes bien obligés de constater la différence entre l’information diffusée, les produits distribués et la réalité. Il n’y a pas à se résigner pour autant. Le BON lait de vache ne doit pas selon moi être abolit de nos tables, seulement être conservé pour se faire plaisir et non pour son intérêt nutritionnel. Quand l’expression « Manger moins pour manger mieux » prend tout son sens…
> Retrouvez quelques adresses d’éleveurs éthiques dans le volet précédant <
Alors par quoi remplacer notre cuisson au beurre, nos gratins, notre bol de lait matinal… ????
C’est ce que nous aborderons dans le 4° et dernier volet : ALTERNATIVES AUX PRODUITS LAITIERS
MEMO
-Le lait de vache est un aliment déminéralisant, hypocalcimiant et acidifiant.
-Préférez les sources de calcium végétales
-Pour les intolérants, préférez les fromages et le beurre pauvres en lactose
-Le lactose est un sucre simple. Attention à votre glycémie et à vos dents !
-Le lait de vache contient la plus puissante des hormones de croissance, accusée de développer un terrain cancéreux.
-En fait ce n’est pas le lait de vache en lui-même le problème mais sa revendication « santé » qui en a dicté à tord notre quantité consommée. Il suffirait de conserver ces produits pour un usage « plaisir » et arrêter de diaboliser cet aliment.
Bonjour,
Merci pour cet excellent article sur le lait. En ce qui me concerne, il y a bien longtemps que je ne bois plus de lait de vache. J’ai arrêté d’en boire à l’âge de 20 ans et j’en ai 55 maintenant. Et je me porte bien.
Merci pour le partage 🙂