Aujourd’hui je vous invite à découvrir en toute transparence un élevage caprin bio « modèle » : La Ferme du Tuquel. Rencontre avec un jeune couple Quentin et Claire.
C’est à Cazes-Mondenard et plus précisément à Tuquelet dans le Tarn-et-Garonne qu’ils m’ont ouvert leurs portes.
Comment l’histoire a débuté ?
“Quentin était déjà dans le domaine agricole, moi dans le prêt-à-porter. Nous avions envie d’un projet commun porteur de sens. Aimant follement les animaux et le fromage (rire) nous avons choisi de nous lancer dans la production laitière. J’ai donc repris mes études pour me former à l’élevage et à la fabrication de fromage. C’est certainement l’aventure la plus folle de ma vie ! Nous avons racheté cette petite ferme d’une 20aine d’hectares et démarré fin 2011 avec une 100aine de chevrettes.”
Pourquoi des chèvres en particulier ?
“Personnellement je préférais travailler auprès de ruminants de petite taille. Nous trouvions les chèvres plus intrépides et curieuses que les brebis. Elles cherchent le contact et ont toutes leur particularité. D’ailleurs la majorité a un petit nom. Vous avez par exemple : Bébé (ma préférée) et ici c’est Choukette car elle a de grandes oreilles… Beau gosse c’est notre mâle reproducteur d’une robe particulièrement belle.”
Quelles valeurs défendez-vous et comment se matérialisent-elles au quotidien ?
“Nous voulions avec ce projet commun revenir aux sources, aux choses simples, arrêter de se perdre dans l’inutile, le stress, la pollution. Le Bio était donc une évidence et non un « plus marketing ». Il n’y a qu’à voir notre environnement. D’ailleurs il n’y a qu’au pied de cet arbre que le téléphone capte (rires). Nous travaillons au maximum en vente directe. Nous favorisons les échanges humains, l’entraide entre voisins, le troc… On se rend pas mal de services dans le coin !”
Un élevage caprin BIO, ça ressemble à quoi ?
“Nous avons opté pour des races laitières dites « rustiques » : L’alpine, la marron et la Saanen, la blanche. Nous avons 136 chèvres et 6 mâles reproducteurs. La reproduction se fait de façon naturelle à compter du 1er Septembre. C’est la période de chaleur, la luminosité est à son maximum. Les chèvres deviennent plus tactiles. Nous mettons alors 2 boucs pour 70 chèvres sans mélanger les races entre-elles et nous laissons faire.
Il y a 5 mois de gestation. Les mises bas ont donc lieu en février. Là, c’est intense, il faut avoir les yeux partout ! Elles donnent naissance à 1 ou 2 chevreaux et parfois même 3.
C’est à partir de là que la production laitière reprend et la vente de nos produits avec.
On laisse les petits têter leur mère le temps d’ingérer leur colostrum riche en anticorps, lipides et bactéries, vital à leur bonne santé. On garde les chevreaux qui nous permettront de renouveler le cheptel (retraités, malades..). Cette année nous avons 2 mâles et 5 femelles. ”
“Les autres partent à l’engraisseur. C’est le côté qui me peine le plus dans le métier. Même sans faire de l’intensif, il est difficile de faire adopter autant de petits. Avis aux lecteurs futurs acquéreurs de chèvres… (pas sérieux s’abstenir). Ceux qui restent avec nous sont tranquillement sevrés. Ils passent dans le parc des moyens puis des grands.
On commence à les traire après leur première mise-bas vers 1 an.
On obtient environ 640 litres de lait par chèvre et par an. Nous sommes bien en-dessous des standards bio qui tournent plutôt autour des 800 litres. Ici, nous les laissons vivre à leur rythme. Elles pâturent sur nos terres le maximum de leur temps, elles se nourrissent essentiellement d’herbe et sont complétées par du foin et des céréales bio locaux. Nous espérons bien les garder 6–10 ans, si on compare aux élevages intensifs où leur moyenne de production est limitée à 2–3 ans.
Même rustiques, les chèvres sont des animaux sensibles aux infections intestinales et pulmonaires. Il y a deux ans nous avons essuyé 30 pertes. En bio, les traitements sont limités et, en tout cas chez nous, peu efficaces. Néanmoins, en misant sur la qualité, nous vivons convenablement de notre travail.”
Comment s’organise votre travail ?
“Chaque jour est différent. On s’adapte au temps, à la demande, au caractère de nos biquettes, aux imprévus…
Chacun a ses tâches. Quentin s’occupe surtout des chèvres et des terres. Nous produisons nous-même leur foin composé de luzerne, trèfle et prairie naturelle. La chèvre est un animal très gourmand qui n’a pas le sens de la satiété. Il faut donc adapter sa dose à son besoin. On ne les laisse par exemple pas dans un champ de luzerne très azoté qui pourrait leur être fatal. C’est pourquoi nous y prêtons une attention toute particulière. Nous avons été accompagnés par un professionnel de l’INRA pour optimiser ces mélanges alimentaires.
Moi, je m’occupe plus particulièrement du fromage : de la fabrication à la vente.”
Donc si je résume : éleveur, producteur laitier, fromager, commerçant, sans oublier la comptabilité, les réparations mécaniques du matériel agricole, les soins vétérinaires… Polyvalence ! Encore un bel exemple d’indépendance paysanne, n’est-ce pas ?
Que dire à propos de votre lait de chèvre ?
“La qualité du lait dépend de l’alimentation de nos bêtes. Aussi, sa composition nutritionnelle varie au cours de l’année. Nous sommes sur une moyenne de 34 % de matière grasse et 31 % de protéines ce qui en fait un lait correspondant aux standards. Bien sûr, le fait de laisser les bêtes pâturer enrichi le lait en omégas-3, vitamines et oligo-éléments.”
Que faites-vous avec ce bon lait de chèvre ?
C’est là que nous entrons dans l’univers de Claire. Une belle pièce aux normes de 70m2 avec tous les ustensiles nécessaires. Je pourrais même y pâtisser ^^
Ca y est, il est 16h, l’heure du goûter. Claire a faim et me propose de choisir un fromage dans lequel croquer à pleines dents. […] Huummm !!! Et bien voilà une expérience que je vous recommande si ce n’est pas déjà fait.
“Nous fabriquons des lactiques depuis Mars 2014 : fromages frais à mi-affiné, fromages blancs, faisselles, yaourts, ail et fines herbes. La tomme (pâte pressée non cuite), c’est la spécialité de Quentin ! Nous avons pu investir, il y a peu, dans une étuve et proposons désormais des yaourts ! Ils ont un goût très doux. Nous fabriquons de mi-Février à fin Novembre maximum. C’est à partir de ce moment là que les chèvres sont en grandes vacances !”
Et oui, il y a des saisons pour le lait… Pas de lait, pas de fromage, pas de yaourt à moins d’utiliser des méthodes industrielles de dessaisonnement hormonal ou de congélation. C’est pour cela que KléZia ne propose pas de spécialités au lait de chèvre pendant ces trois mois d’hiver. Il faut savoir patienter pour avoir des produits de qualité !
Avec qui travaillez-vous ?
“A ce jour, nous travaillons avec une coopérative laitière pour le surplus de lait et en direct avec les consommateurs pour les produits transformés.”
Où trouver leurs produits ?
Retrouvez Claire le lundi matin sur le marché de l’Université Paul Sabatier, sur le réseau « La Ruche qui dit oui ! » de Lavalette le jeudi, de Gragnague le mardi et de Bouloc le mercredi.
Vous pourrez rencontrer Quentin sur le marché BIO du Capitole à Toulouse, le samedi matin.
Ils travaillent depuis peu avec deux épiceries BIO Toulousaines :
*Ceci&Cela, 7 rue Baour Lormion
*Le parfum des pommes, 84 avenue Saint Exupery
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Malgré un temps maussade, je n’ai pas vu le temps passer. Un accueil digne de ce nom et un amour du métier qu’on ne leur enlèvera pas. Une belle reconversion…
Vous avez peut-être déjà pu apprécier leur lait dans la Verrine Automnale Chèvre, Chataigne, Coing ? Le cas échéant, il faudra s’armer de patience pour retrouver dès février la prochaine verrine au lait de chèvre KléZia…